Copenhague : Distortion « pour le fun »

9 Juin 2013



Le festival de musique Distortion s'est emparé de Copenhague (Danemark) du 29 mai au 2 juin dernier. Il a transformé la ville pour ces cinq jours de fête. Mais qu'est-ce que Distortion ? Tout d'abord, le festival a un mot d'ordre principal : célébrer la vie de rue, la création artistique, la culture moderne des fêtes et la musique.


@Lauriane Clément
@Lauriane Clément
Distortion, c'est tout un événement à Copenhague. Les touristes avisés prévoient leur vol au Danemark durant cette période, tandis que les Danois les plus enthousiastes attendent des semaines le début du festival. Mais qu'est-ce que Distortion ? Tout d'abord, le festival a un mot d'ordre principal : célébrer la vie de rue, la création artistique, la culture moderne des fêtes et la musique. Créé en 1998, Distortion propose cinq jours de concerts partout dans les rues, bars, boîtes de nuit, bateaux, trains, bus, piscines et autres lieux atypiques. Toutes les musiques sont à l'honneur, en allant du hip-hop, de la techno, du rock, du reggae et en passant par le folk et le jazz. Pourtant, à sa création, Distortion n'était qu'un tout petit festival fait « pour le fun » selon ses organisateurs. Depuis, ceux-ci ont commencé à collaborer avec la mairie de Copenhague, les pompiers, la police, et ont aujourd'hui pas moins de 150 partenaires, 65 chefs de projets et 850 volontaires. Toute cette organisation a permis de développer le festival, qui a dépassé les 130 000 visiteurs en 2011.

Entre fêtes de rues et rave party nocturnes

En plus de célébrer la musique, le projet principal de Distortion est de créer une fête mobile qui se déplace partout dans Copenhague. En transformant pour quelques jours les lieux phares de Copenhague, le challenge est de changer la conception des Copenhaguois vis-à-vis de leur ville. Chaque jour, c'est donc un nouveau quartier qui est investi de 16h à 22h pour des concerts et animations dans les rues. Après 22h, les soirées deviennent payantes et se poursuivent dans divers lieux nocturnes du quartier. Pour l'édition 2013, environ 100 000 personnes étaient attendues chaque nuit dans quelque 46 différents dancefloors. Si les animations sont gratuites durant la journée, un pass payant (55 euros) est en revanche nécessaire pour accéder à toutes les soirées. Distortion revêt donc cette double facette de fêtes populaires dans les rues durant la journée et de soirées à l'allure de rave party jusqu'à 5h du matin. 

Programmation 2013

Cette année, le festival a débuté dans le quartier très international de Nørrebro, au nord de Copenhague. Tout le quartier s'est transformé en un immense espace de concerts à ciel ouvert. Le point culminant de la soirée a été le concert de reggae du légendaire producteur Mad Professor à Blågårds Plads, pour un set d'une durée totale de six heures, entre 16 h et 22 h. Jeudi, les animations étaient organisées dans le quartier underground de Vestebro, et notamment dans Meatpacking District. De l'autre côté de la rive, un ancien garage avait été réquisitionné par divers DJ à Langebro.

Vendredi et samedi, le festival a cependant pris une tournure tout à fait différente. Distortion s'est excentré pour s'installer à Havnefest, une zone industrielle proche de la mer. S'éloignant des rues centrales de Copenhague, Distortion s'est transformé pour ces deux jours en un véritable festival dans un immense espace, avec une dizaine de scènes et de tentes accueillant artistes et activités. Le festival a été clôturé en beauté par une rave monstre mélangeant 50 % d’house / techno, 30 % de hip-hop / reggae-dancehall / bass and, 20 % de punk / rock / noise / art-pop. Finalement, dimanche, des concerts en plein air dans une atmosphère de relaxation se sont déroulés dans le parc Ørstedsparken vers Norreport.

Un festival à l'évolution incertaine

Si Distortion jouit d'une grande popularité à Copenhague, son avenir est pourtant incertain. La décision de déménager le festival à Havnefest le weekend n'était d'ailleurs pas sans lien avec l'aspect financier. Cela coûterait environ un million de couronnes danoises chaque jour pour tenir le festival dans les rues du centre-ville. Distortion a notamment besoin d'un budget faramineux pour nettoyer les rues, complètement dévastées après le passage de 100 000 fêtards. Une solution a été trouvée à ce problème par le biais d'un bracelet, le « Gadearmbånd », valant 100 couronnes danoises (13 euros). Il permettrait à qui le veut de contribuer au financement du festival. Cependant, les organisateurs ont besoin de vendre entre 15 000 et 20 000 bracelets chaque année pour continuer à organiser les fêtes de rue. Chaque édition du festival dépend donc de la vente de ces bracelets.

D'autre part, un mouvement anti-Distortion a été créé. Il rassemble des personnes affirmant que Distortion n'a plus rien d'un festival underground, comme c'était le cas à ses débuts. L'une des principales règles de Distortion, « tout le monde doit perdre le contrôle », est notamment visée par ce mouvement. Ces derniers organisent donc des événements en parallèle du festival, afin de montrer qu'il est toujours possible de faire la fête sans pour autant accaparer toutes les rues. 

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Lauriane Clément
Ancienne correspondante à Copenhague, étudiante à Sciences Po Lyon, j'aime découvrir de nouvelles... En savoir plus sur cet auteur